juin 2016
Moi ? Qui, moi ?
Lequel es-tu de ces mille visages que tu montres ? Sais-tu qui t'habite ? Sais-tu qui tu es ? Sais-tu quel est l'élan qui te porte ? Es-tu un ou es-tu mille ? Tous les jours, ton humeur change ; avec elle, tes désirs et tes projets !
Tu rêves de transparence et te voilà plongeant dans le mensonge et la compromission.
Tu as soif de profondeur et d'intériorité et te voilà t'installant dans la banalité, cette banalité rampante qui rogne tes ailes naissantes.
Tu veux régler ta vie pour l'aventure intérieure et te voilà, écervelé versatile, te diluant dans le monde.
Où est ta continuité ? Qu'est-ce qui te fait toi ? Quel sens ta vie a-t-elle dans l'économie du monde ?
Ces questions lancinantes reviennent périodiquement. Elles entretiennent un fond de frustration et d'insatisfaction qui nous porte à désirer de plus en plus le changement.
Oh oui, échapper à ses routines, être en vacances de soi et de ses propres pesanteurs, ne plus revenir en arrière, avancer, alors que sur cette voie de la transformation, il semble bien qu'on n'en finisse pas de commencer !
Que faire ?
" Hic Rhodus, hic salta ", "C'est ici Rhodes, c'est ici que tu dois danser !" : Jung aimait répéter cette phrase. Oui, c'est ici et maintenant que nous devons vivre, oui une partie de nous ne doit pas craindre de s'engager dans le tourbillon du quotidien, mais il importe également de trouver en soi ce témoin intérieur suffisamment distancié pour ne pas s'identifier aux mouvements du moi. Là est le centre, là est le point fixe, c'est là que s'enracine le Je !
Le Métier de faussaire
Je fais un bien triste métier
Je suis un faussaire
Qui le sait s'en remet à moi
Tout plein d'espoirs
Que quelqu'un veuille se faire aimer
En deux temps je sais provoquer
Un amour sans fin
Qui ne bougera pas
Mais pour moi, je ne sais rien faire
Rien ne marche et je ne connais pas
D'autres faussaires qui
Sachent un peu m'aider
Je devrais me réjouir de faire le bonheur d'autrui
Mais c'est trop
Trop demander à
Va savoir qui
Certains jours je prie pour n'avoir plus ce savoir-faire
Mais alors quelqu'un me demande
Et je suis là
Et je suis seul à ne pas croire à ce que je fais
Quand j'essaye d'y croire, c'est un four
Et pas plus qu'un autre, je n'supporte ça
Je t'aimais, je te perds
Tu crois qu'un faussaire sait mentir
Pour faire feu de tous bois pour lui-même hélas
Je voulais retenir ce que j'ai fait pour autrui
Et puis tout défaire
Les voir déchanter
Voir leur désespoir en chantier
Tandis que ce qui les tenait
Sous leurs yeux prendrait
Un tout autre tour
Mais mon orgueil n'en démord pas
Alors je ne fais rien
Je n'peux pas d'un seul coup changer
Personne ne peut ça
Je fais un bien triste métier
D'autres viendront me relayer
Qui seront comme moi
De tristes gens
Grise figure celle du faussaire
Ce qu'il fait jamais ne le sert
Et seule sa conscience est soulagée
Je t'aimais, je te perds, tant pis
Je suis un faussaire
Et ma vie déjà bien lancée
Me passe sous le nez
Car pour moi, je ne sais rien faire
Rien ne marche et je ne connais pas
D'autres faussaires qui
Sachent un jour m'aider
La fidélité de la femme est comme le vent : elle reste la même, mais elle peut changer de direction.
Mika Toimi Waltari.
Que j'aime voir chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !
Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain
Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L'or avec le fer
À te voir marcher en cadence
Belle d'abandon
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton
Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant
Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ces vergues dans l'eau
Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents
Je crois boire un vin de Bohème,
Amer et vainqueur
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon cœur !
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