il lit Plutarque, François Villon, Racine, les romantiques allemands, Alfred de Vigny, Gérard de Nerval et Charles Baudelaire.
Éros suspendu
La nuit avait couvert la moitié de son parcours. L’amas des cieux
allait à cette seconde tenir en entier dans mon regard. Je te vis, la première
et la seule, divine femelle dans les sphères bouleversées. Je déchirai ta
robe d’infini, te ramenai nues sur mon sol. L’humus mobile de la terre fut partout.
Nous volons, disent tes servantes, dans l’espace cruel, - au chant de ma trompette rouge.
Hypnos saisit l'hiver et le vêtit de granit. L'hiver se fît sommeil et Hypnos devint feu. La suite appartient aux hommes.
Le désir à l'infinitif -
Les subordonnés du manque
Une étude sur quelques poèmes de René CHAR
La passante de Sceaux
Mèches, au dire du regard,
Désir simple de parole;
Ah! Jongle, seigneurie du cou
Avec la souveraine bouche,
Avec le bûcher allumé
Au-dessus du front dominant.
J’aimerais savoir vous mentir
Comme le tison ment aux cendres,
Mèches, qui volez sans m’entendre
Sur le théâtre d’un instant
La passe de Lyon
Je viendrai par le pont le plus distant de Bellecour, afin de vous
laisser de loisir darriver la première. Vous me conduirez à la fenêtre
où vos yeux voyagent, doù vos faveurs plongent quand votre liberté
échange sa lumière avec celle des météores, la vôtre demeurant et la leur se perdant. Avec mes songes, avec ma guerre, avec mon baiser, sous le
mûrier ressuscité, dans le répit des filatures, je mefforcerai disoler votre conquête dun savoir antérieur, autre que le mien. Que lavenir voue
entraîne avec des convoiteurs, jy céderai, mais pour le seul chef-doeuvre!
Flamme a lexcès de son destin, qui tantôt mamoindrit et tantôt me complète, vous émergez à linstant près de moi, dauphine, salamandre,
et je ne vous suis rien.
La route par les sentiers
Les sentiers, les entailles qui longent invisiblement la route,sont
notre unique route, à nous qui parlons pour vivre, qui dormons, sans
nous engourdir, sur le côté.
Rapport de marée
Terre et ciel ont-ils renoncé à leurs féeries saisonnières, à leurs palabres subtiles? Se sont-ils soumis? Pas plus celle-ci que celui-la nont
encore, il semble, de projets pour eux, de bonheur pour nous. Une branche séveille aux paroles dorées de la lampe, une branche dans une eau fade, un rameau sans avenir. Le regard sen saisit, voyage. Puis, de nouveau, tout languit, patiente, se balance et souffre. Lhacanthe
simule la mort. Mais, cette fois, nous ne ferons pas route ensemble. Bien-aimée, derrière ma porte?
La double tresse
Chôme des Vosges
Beauté, ma toute-droite, par des routes si ladres,
A létape des lampes et du courage clos,
Que je me glace et que tu sois ma femme de décembre,
Ma vie future, c’est ton visage quand tu dors
Sur la paume de Dabo Va mon baiser, quitte le frêle gîte, Ton amour est trouvé, un bouleau te le tend. La résine dété et la neige dhiver Ont pris garde.
La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil
Les recueils de Poèsies
Fureur et mystère
Les matinaux
en trente-trois morceaux
Commune présence
Recherche de la base et du...
Déclarer son nom
Javais dix ans. La Sorgue m’enchâssait. Le soleil chatait les heures
sur le sage cadran des eaux. L’insoucience et la douleur avait scellé le coq de fer sur le toit des maisons et se supportaient ensemble. Mais quelle
roue dans le coeur de l’enfant aux aguets tournait plus fort, tournait plus vite que celle du moulin dans son incendie blanc?
Les feuillets d'hypnos
Nous ne pouvons pas parler de René Char sans parler de résistance.. C'est pourquoi je place ici un lien d'un camarade, Roger CHAUDON, qui a été fusillé par les allemands le 19 juillet 1944.